Fyctia
20. Souvenirs 4/4
Je sais pertinemment qu’elle ne lâchera pas l’affaire. Alors je l’attire à ma suite, la ramène dans ma chambre et nous nous installons sur mon lit. Mon dos contre le mur, je lève la tête vers le plafond tout en me passant la main dans les cheveux. Cassie, elle, ne s’est pas détachée de mes doigts, et cale ses fesses entre mes cuisses, son dos se colle à mon torse. La chaleur de son corps se diffuse sur le mien et me rassure. Alors ma main perdue dans ma tignasse descend et encercle sa taille en même temps que mon nez vient se glisser entre ses boucles brunes pour embrasser son cou.
Puis me redressant, je lui détaille les évènements dans leur ensemble. Passant de l’annulation de mes cours de dessins aux provocations d’Arnaud quelques minutes plus tôt. Mes bras autour de sa taille, mes poings ayant lâchés les mains de Cassie se serrent et se desserrent jusqu’à ce qu’elle glisse ses doigts sur les miens. Écartant et détendant la pression que j’exerce pour finir par entrelacer nos mains. Puis, elle termine son geste en se contorsionnant pour déposer un tendre baiser sur ma joue.
— Tu pourrais venir chez moi, de temps en temps. Tu sais, pour continuer le dessin. Personne ne te jugera ou ne t’en privera. Et mes parents seront ravis de nous voir un peu plus à la maison. Par contre, attends-toi à ce que Cole et El s’amusent à nous charrier. »
Merde ! Même à cet époque-là, elle était présente pour moi. Prête à défier les choix de ma mère pour m’aider à poursuivre mes cours de dessins à travers elle. Je me souviens de ces journées, de ces soirées durant lesquelles nous nous enfermions dans la chambre de Cassie à crayonner. Elle souvent assise en tailleur sur son lit, une pochette à dessin posée sur les jambes et des tonnes de feuilles éparpillées devant elle. Un crayon dans les cheveux.
Elle était magnifique.
Tellement que je n’ai pas pu m’en empêcher. Et c’est en déballant tous les croquis qui se cachent dans mon carton à dessins que je comprends à quel point, j’aimais cette fille. Elle était ma lumière, mon phare dans la nuit… Au fond, je crois qu’elle l’est toujours. Parce que quand enfin j’arrive au dernier portrait qui se planque parmi les multitudes d’esquisses, un pincement me tord le cœur.
Elle est là. Les yeux dans le vague, la tête relevée vers les étoiles, ses boucles brunes volent dans le vent et tout ce que je vois, tout ce que j’ai admiré au moment de capture cette image, c’était son sourire étincelant. Authentique. La nostalgie me prend aux tripes à l’instant où j’observe la finalité de cette représentation de Stella. Son bras tendu vers moi, sa main ouverte vers le ciel et cette étoile filante aux traits noirs qui danse sur son poignet. Cette paume est un appel à la rejoindre, à lui faire confiance, à lui… ouvrir mon cœur.
— Merde… je ne suis pas prêt. Ma vie est en bordel. Ma mère toujours au-dessus de moi, comme un vautour. Pourtant…
Je ne veux qu’elle : mon étoile tombée du ciel.
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