Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 13. Préparations 3/4

13. Préparations 3/4

Si j’ai compris ? Je l’ignore. Mais l’intervention et la voix apaisante d’El ont le don de faire baisser ma tension. C’est dans un souffle puissant, que mes fesses s’enfoncent sur le devant de mon matelas. Et je n’ai pas le temps de réagir que déjà, Eliott me serre la taille tandis que les doigts de Cole pianotent sur son portable pour informer les filles de notre destination pour la soirée. Quand il termine, nous recevons El et moi la copie du message de mon frère.


Et les réactions des filles ne se font pas attendre. D’abord Sandy qui hurle de joie et me conseille de sortir la tenue de « bombasse », enfin… elle écrit tout en majuscule alors j’imagine sans mal sa voix nasillarde nous briser les tympans. Puis vient Audrey qui malheureusement ne pourra pas venir. Une histoire de dossier important. Et enfin, celle qui donne chaud aux pommettes de Cole, Léa. Elle est plus calme, mais assure qu’elle ne ratera ça pour rien au monde.


— Tu vois, il n’y a pas de quoi t’inquiéter, annonce Eliott en relâchant ma taille et plaquant ma robe entre mes mains. Maintenant, file sous la douche ! Tu sais à quelle heure vous devez, vous retrouver ?


J’ouvre la bouche, la referme, ne sait pas quoi lui répondre. Et alors que je m’apprête à me jeter à nouveau sur mon lit avec eux, mon portable sonne. Cette fois, c’est le seul à émettre un bruit ce qui attire tous les regards vers l’objet qui se cache sous le tissu vermeil de ma robe. Sous les sourcils interrogatifs de mes compères, je dégage l’une de mes mains et déverrouille mon écran. Écran que je lâche l’instant d’après.

Je n’y crois pas !

Il avait encore mon numéro ?


— C’est… enfin, c’est…

— Oui ? Crache le morceau ! s’agace Cole en ramassant mon portable et me le tendant.

— Ashley ?

Son prénom sort sous forme de question alors je me contente de faire glisser mon doigt tremblant sur l’écran intact de mon téléphone. Et dans un geste tout autant hésitant, je le dirige vers mon frère et Eliott. Tous les deux se relèvent d’un bond, l’un se frotte la nuque alors que l’autre semble encore plus joyeux de ce qui s’affiche sous leurs yeux. Pourtant, ce ne sont que de simples mots.


  • ***
  • Crève-cœur : Au fait Stella. Rendez-vous à vingt heures au Loch Ness pour l’ouverture de la première case.
  • ***

*

ASHLEY


Depuis ce matin, je tourne en rond dans mon loft. D’abord, en me levant et ouvrant les volets pour tomber sur ces fichues décorations de Noël sur lesquelles j’ai vite fait de tirer mes rideaux. Puis en fonçant sous la douche pour me libérer de la tension que j’ai pu accumuler cette semaine avant de finir une tasse de café à la main, le cul posé sur mon canapé, la télévision en face de moi allumée sur une chaîne de rénovation de maisons. Faute de mieux.


Hors de question que je passe ma journée devant des films de Noël tout mielleux et dégoulinant de romantisme. Une horreur que je n’aie pas l’intention de m’affliger. D’ailleurs, je ne l’aurais pas cru possible, mais chaque fois que je me suis levé pour aller me chercher un verre ou des cochonneries à grignoter, mon regard s’est perdu sur ce satané calendrier de l’avent que Stella a eu la gentillesse de m’offrir hier.


— Gentillesse ? Tu parles ! Elle voulait surtout te prendre au piège la petite brune, râlé-je en braquant une fois de plus mon attention sur le nez rouge du renne qui me nargue.


Une chose est certaine, je suis heureux que celui-ci ne chante pas. Pas comme celui dont le nez rond se situait au creux de ses seins en début de semaine. A cette idée, des images de son pull de Noël s’immiscent sous mes paupières et très vite, son haut s’efface pour laisser place aux souvenirs de sa peau halée. Son épiderme doux et doré sous mes doigts, la pulpe de sa poitrine dans mes paumes.


Je me délecte mentalement de ce fantasme. Allant même jusqu’à imaginer mes lèvres sur les siennes, emprisonnant ses halètements de plaisir sous nos baisers. Merde, je suis dingue, je deviens fou, c’est clair. Comment cette femme peut-elle me hanter autant alors que je lui ai brisé le cœur, il y a onze ans ? Comment pourrait-elle, même, accepter mes mains sur son corps alors que je… Que je suis un parfait CONNARD ! Un coureur de jupons, un gosse de riche qui se délecte des femmes pour mieux les jeter.


Le pire, c’est que j’ai une trique d’enfer et que je n’ai qu’une envie : retrouver les bras de Stella, son odeur, sa lumière. Las, je passe ma main dans mes cheveux avant de les tirer en arrière. Je me sens à l’étroit dans mon jean, et… Merde ! J’ai l’impression d’être en manque, alors que quoi ? Cela fait juste une semaine que je n’ai pas touché le corps d’une femme. Espèce de pervers ! Oui, et alors ?


— Putain ! Elle me perturbe tant que ça ?


Son arrivée dans ma vie a tout bouleversé à commencer par le calendrier. Celui-là même qui sans que je ne le veuille vraiment s’est matérialisé entre ses doigts. Stella. Une étoile qui tombe du ciel pour illuminer la vie de ceux qui l’entourent mais je ne le mérite pas. Je ne suis qu’une marionnette, un pantin qui se pavane et couche avec tout ce qui bouge pour oublier la noirceur de son passé, de ces fils de fer qui l’attachent aux mains de sa propre mère.


Et voilà que je radote ! Sérieux ! Je tourne en rond comme un chien enragé, faisant les cent pas, et tirant mes cheveux une fois de plus. Mon excitation au placard d’avoir pensé à ma vipère de génitrice. Mon seul réconfort est celui de cette soirée qui s’annonce, avec l’ouverture de la première case et la découverte de ce chocolat avec Stella. D’ailleurs, avons-nous convenu d’une heure pour notre rendez-vous ?


Non ! Non ? Mais quel idiot ! Je l’ai prise au piège avec cette promesse mais je n’ai pas eu l’idée de lui donner une heure ? Je suis vraiment à l’ouest, un vrai joueur qui oublie les règles du jeu. Peut-être… je sais quoi faire, seulement, je me demande si elle l’a gardé, si je suis toujours enregistré dans son répertoire, si elle a ne serait-ce que toujours le même numéro. Et je n’ai qu’une seule solution pour le savoir.


Je tape mes mains sur la table, observe ce satané renne au sourire étrange et me décide enfin à chercher mon portable. Où je l’ai mis encore ? Pas dans ma poche, ni sur la table, ni même à côté de la machine à café, ou encore dans le salon. Dans la salle de bain peut-être ? Non plus… Je rêve ! Je n’ai pas d’amis ? Il faut croire, sinon mon téléphone ne serait pas encore branché au chargeur sur ma table de chevet.


Et dire que Éric a sauté au plafond en apprenant que ce soir, je retrouve Cassie pendant que Vince se contentait de hocher la tête d’un air entendu. Une folie ! Alors quoi ? Ils restent silencieux ? Ça en devient suspect. Mais passons. Pour l’instant, je me dois d’envoyer un message à Stella. Pourtant mes doigts hésitent à glisser sur l’écran.

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