Fyctia
2. Entre amis 3/3
Mon frère et notre meilleur ami. Un beau duo que je supporte tous les jours depuis… Depuis toujours en fait. Ils se sont connus au berceau, m’ajoutant deux ans plus tard à l’addition. Les trois mousquetaires comme aiment à nous appeler nos parents. Inséparables. « Tous pour un et un pour tous », est notre devise. Un clin d’œil évident à ce fameux surnom que nous traînons partout avec nous. Mais qu’importe ! Ce soir, on est là pour fêter mon nouvel emploi, alors la présence d’Ash ne gâchera pas ma bonne humeur.
— Qu’est-ce qu’il se passe, sœurette ? m’interroge Cole au moment où je soupire.
— Lui.
Je crache ma réponse face au serveur, ce qui ne manque pas de faire rire toute notre table. Merde! Il se pointe au meilleur instant, me laissant tout le loisir de reprendre une respiration. Ash et ses yeux me fusillaient sur place, m’empêchant presque de m’échapper. Il aura ma peau ! C’est sûr. Surtout quand je sais que le sourire que j’affiche lui est destiné. Il ne veut pas me quitter, celui-là ! Au contraire, à lui vient s’ajouter des joues enflammées. Le combo ultime.
— Tu nous la joues, Miss Tomate ce soir ?
Eliott. Il ne peut pas se taire. Pas quand mon visage prend une teinte carmin et me donne chaud à en avoir honte. Je râle, ronchonne, tend le bras vers ma boisson et reporte mon attention sur les filles qui nous accompagnent. Mes amies d’enfance : Léa, l’intellectuelle ; Audrey, la scientifique et Sandy, notre littéraire en cheffe. Une bande d’individus tout ce qu’il y a de plus simple, mais un beau groupe de farceurs. Je n’ai pas le temps de les analysés plus longtemps que déjà, les émeraudes de l’autre côté de la pièce m’attirent à nouveau.
Et merde…
Cette soirée promet d’être longue. J’avale une gorgée de ma boisson, un mélange que j’adore, une vodka Sunrise. Une sorte de pied de nez à l’hiver de ma part. Et oui ! C’est comme un soleil brûlant et chaud au cœur du froid de décembre. Même si décembre, ne démarre que dans quelques jours. Cole, lui, déteste ce cocktail et il m’assassine de ses yeux avec son air de dégoût que j’affectionne.
— Tu en veux ? le nargué-je en sirotant ma boisson à la paille. T’inquiète, elle est en métal.
— Je sais, me répond Audrey sur un ton jovial.
— Non, beurk ! Quelle horreur ! hurle quant à lui, Cole.
Je vous en prie attiraient encore l’attention sur nous ! Et bien entendu, c’est ce qu’ils font. Ils ouvrent la bouche et le seul son qui en sort est un rire en chœurs. De quoi braquer les projecteurs sur nous. Même ceux des trois compères à l’autre bout de la pièce. Un gyrophare ça aurait été pareil. Résultat, j’observe sans m’en priver, l’homme en costume que j’aurais souhaité éviter ce soir.
Élégant, sûr de lui.
Mais surtout une ombre dans son regard. Des ténèbres que j’ai vu naître. Il a perdu cette lueur que j’aimais tant. Et les tâches dorées qui prolifèrent dans ses émeraudes ne sont que ternes. Merde, Cassie, concentre-toi ! Qu’a raconté Cole ? Noël ? Chez les parents ? Comme toujours, c’est une habitude. Notre appartement sera calme, nous quitteront la ville et rentreront auprès d’eux pour pouvoir fêter le réveillon en famille.
Sous les éclairages multicolorent des guirlandes enroulées autour de notre sapin.
— Cass ? Tu nous écoutes ?
— Oui ! Quoi ? Le cadeau pour les parents ? Un voyage dans les îles.
Perdue, mes yeux s’écarquillent comme des billes quand les éclats de rire éclatent. J’ai recommencé. Me suis déconnectée de la réalité et ravive les moqueries de mes amis. Léa est la seule qui pose sa main sur mon bras, passant devant le buste d’Eliott, comme pour me rassurer. Aurait-elle vu ? Je l’examine, elle penche la tête avec un regard rassurant. Oui, elle sait. Elle l’a surement reconnu. Il n’a pas tant changé que ça.
Juste pris quelques centimètres et en masse.
Oui. Juste plus de muscles, ses bras me semblent plus ferment et sa chemise est tendue sur ses pectoraux qui me paraissent durs même vu d’ici. Sa cravate bleu électrique a disparue, et un bouton ouvert me laisse apercevoir sa peau dorée. Un frisson grimpe le long de mon dos. Mais je suis rattrapée, happée trop vite vers la commissure de ses lèvres charnues. Mordant instinctivement les miennes. Un réflex ? Peut-être.
— Tu mattes qui de cette façon ? Tu nous sors l’artillerie lourde, Cassis ?
Eliott, encore. Il a la fâcheuse manie de ma sortir de mes rêveries.
— Ne m’appelle pas comme ça !
— Comment ? Cassis ? Pourtant, c’est bon le cassis.
Il me taquine, c’est son jeu préféré. Surtout quand il sait que je ne riposterais pas. Non pas parce que je n’en suis pas capable, mais parce que nous avons des témoins. Et je n’ai pas envie de me donner en spectacle, surtout pas devant ASH. Encore ! J’arrête, il le faut. Je vais boire, vite ma paille ! Et bien sûr, comme ils ne sont rien l’un sans l’autre ou juste pour me charrier un peu plus, Cole m’arrache mon verre des doigts pour goûter de ma boisson.
— Rends-moi ça ! crié-je en agrippant le bras de mon frère.
Lui, je n’ai aucune honte à l’attaquer ! Non, mais ! En plus, il déteste la vodka, alors pourquoi il me vole mon précieux breuvage ? Je secoue son bras en même temps qu’il tente d’avaler une gorgée, et la minute qui suit, nous le voyons tousser comme s’il allait mourir. Bien fait ! Un, deux, trois. Non, c’est bon. Il ne meurt pas. Sauvée ! Les conversations reprennent, je participe de bon cœur, demandant à Sandy et Audrey où en sont leurs projets. Et me réjouissant pour Léa qui a trouvé la maison dont elle rêvait depuis si longtemps.
Seule ombre au tableau : mon regard qui ne cesse de croiser le sien.
— Cass, pourquoi il nous fixe le mec là-bas ? Il veut notre photo ? demande Cole les mâchoires serrées.
— Il est plutôt agréable à regarder, ajoute Audrey.
— Agréable ? J’en ferais bien mon repas ! rit Sandy.
— Ce type que Cassis détaille depuis qu’on est entrés ?
Merde ! C’est la goutte d’eau, signée Eliott. Il a un don pour ça ! Je m’affaisse dans mon fauteuil dans l’espoir de passer inaperçue. Mais c’est peine perdue. Dix paires d'yeux sont déjà sur moi, m’examinant de la racine des cheveux au menton. Ils s’arrêtent d’ailleurs tous sur mes pommettes, ces traitres ! Il n’y a que Léa, qui elle, m’offre un air entendu et compatissant. Une alliée sur cinq, c’est mieux que rien.
— C’est mon chef.
— Et ? tente Cole pour me tirer les vers du nez.
— C’est… bon OK. C’est Ash.
— LE Ash ? hurle en cacophonie mes amis.
Pas besoin d’une affirmation, un hochement de tête suffit. Tous se retournent et se contorsionnent pour observer le sujet de notre discussion. La discrétion et eux, ça fait deux. Vraiment. D’ailleurs, je n’ai pas le temps de dire un mot de plus que Sandy pointe mon cauchemar de son doigt. Je m’attends au pire. Avec elle, il n’y a aucun filtre, alors autant me préparer tout de suite.
— Tu ne veux pas aller lui demander pourquoi avec ses collègues, ils n’arrêtent pas de jeter des regards vers nous ? Sérieux, ils en deviennent flippants !
14 commentaires
Michbonj
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Il y a 4 ans
Aby Mery
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans
Blogdelyosa
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans