Fyctia
1. Vive les fêtes ! 3/3
— Calme-toi Cassie, il ne t’a même pas reconnu.
Une respiration, deux.
Cette journée promet d’être d'une longueur assommante ! Ma seule motivation reste le rendez-vous avec mes amis, ce soir. Un verre pour fêter le début de mon nouvel emploi. Bien que… s’ils savaient ce que je fais du reste de mon temps, ils n’en seraient que plus rassurés encore et sabreraient surement le champagne. C’est certain même. Mais passons. Je dois faire quoi déjà ? Ah oui ! Les dossiers, ces papiers que j’ai serré contre ma poitrine à en faire blanchir mes phalanges alors que mon CHEF m’examinait sous toutes les coutures.
Il n’a pas laissé passer le moindre détail. Allant jusqu’à mater mon cul, j’en suis sûre, au moment où je rejoignais mon nouveau poste de travail. En fait, je le sais... Cet idiot ! Il oublie qu’une porte en verre peut offrir un magnifique reflet de ce qu’il y a dans notre dos. Et ce sourire satisfait qu’il a affiché sur son visage. Il me dégoûte ! Quel crétin !
Je soupire une fois de plus alors que le téléphone en face de moi sonne.
Merde ! Reprends-toi ma vieille ! Peu importe qui IL est. Ce boulot, je dois le garder. J’ai besoin de ce salaire pour me payer les meilleures bombes de peinture qui soient. Motivation, stylo en main et c’est parti ! Je décroche, souris et annonce d’une voix claire : « Bonjour, vous êtes bien à l’agence ComDesign 2.0, que puis-je pour vous ? Monsieur Terence ? Il est en rendez-vous, puis-je prendre un message ? ».
Les mêmes phrases encore et encore au fil de la journée, dans une ambiance lugubre… Le clou du spectacle, ou l’indice insoupçonné que mes pieds foulent le sol de l’enfer. Merde, quoi ! En plus de travailler avec Ash, il me faut supporter ce décor affreux ? Mais la période de Noël est là. Alors… il les a cachés où les décorations ? Les sapins, les boules à neige, les pères Noël chanteurs et toutes les merveilles qui les accompagnent ?
Il n’y a rien.
— Elles n’ont pas leur place ici, mademoiselle Bellarke, imité-je d’une voix grave.
Et puis quoi encore ? Murs gris et froids, bureau vide et blanc, fauteuil noir et espace ouvert. Tout est fait pour me déprimer. Elle est passée où la magie ? La chaleur des fêtes et les mélodies aux sons de clochettes ? Restée en bas de l’immeuble, avec une interdiction d’entrée. Enfin… Plutôt une interdiction formelle d’envahir les lieux. Mais, moi, j’adore les fêtes ! Les décorations, les guirlandes, les chants, le plaid et une tasse de chocolat bien chaud entre les mains.
Un grognement m’échappe. Le troisième, je crois. Je ne peux pas m’en empêcher. C’est décidé ! Demain, je ramène au moins, un sapin miniature pour mon bureau. Et quoi ? IL n’aura rien à dire. Mon espace de travail m’appartient, j’en fais ce que je veux. Non ? Et puis, zut ! Je verrais bien. Combien de jours, reste-t-il avant le premier ? Cinq ? Six ? Il serait temps que quelqu’un s’affole dans cette entreprise ! Surtout si les clients débarquent à cet étage pour un rendez-vous avec MONSIEUR.
— Mademoiselle ? J’aurais besoin du dossier jaune en face de vous. Pourriez-vous me l’apporter ? m’interpelle l’homme qui hante mes pensées depuis mon arrivée dans son bureau ce matin.
— J’arrive !
Pourquoi ai-je crié ? Il n’est pas sourd, si ? Ce n’est pas vrai ! Je le fais exprès, ma parole. Courage, Cass, tu peux le faire. Pousse sur tes bras, lève-toi, et va. Un pas après l’autre, le dossier entre les doigts, j’avance. Génial, je suis raide comme un piquet, tendue à mon maximum. Retenant ma respiration, priant pour un miracle, dans l’espoir de ressortir d’ici vivante. Ou… au moins, sans qu’il ait su mettre à jour ses souvenirs.
Génial ! Maintenant, je tremble comme une feuille. J’entre, file jusqu’à ce cher monsieur et lui tends d’un geste vif les papiers. Et alors que je relève la tête de mes doigts crispés, je tombe sur sa mâchoire. Carrée, lisse. Elle est restée la même. Bien que son visage et son regard me semblent plus sombres, plus matures. Plus triste aussi. Je l’examine, me mords la lèvre quand mes yeux s’attardent sur ses cheveux décoiffés. Ils n’étaient pas comme ça toute à l’heure. Si ? Il aurait gardé cette sale habitude ?
Stop ! Cassie, tu te perds là.
Qu’est-ce que c’est ? Cette sensation à la fois forte et douce. Ma peau la reconnait, je LE reconnais. Mon épiderme se parsème de frissons, pourtant il n’a fait qu’effleurer ma main. C’était un geste innocent. Un chef qui récupère le dossier qu’il a demandé. Alors pourquoi ai-je les joues qui brûlent ? Cassie, tu es pire qu’une adolescente en chaleur ! Ton cœur est toujours en miette !
— Oui ? Vous avez besoin de quelque chose ? me demande Ash me sortant de ma léthargie.
— Non, rien.
Bouge ! Maintenant, je me sens encore plus bête. Les morceaux de mon cœur tambourinent dans ma poitrine. Ils s’entrechoquent, se percutent pour mieux disparaitre et s’éparpiller en poussière d’étoiles. Non, Stella ne brille plus depuis bien longtemps. Je frotte instinctivement mon poignet qui cache un dessin aux traits fins. Cette étoile filante est la preuve que tout est éphémère, surtout la lumière. Merde…
Je hausse les épaules et quitte à toute vitesse ce lieu, fonçant vers mon espace. Le téléphone sonne déjà, il ne s’arrêtera d’ailleurs plus une seule seconde le reste de la journée. Et c’est tant mieux, au moins, il garde mon esprit occupé. Éloignant de moi, les idées sombres, les ténèbres attendront que je sois bien au chaud dans mon lit. Puis ce soir, je retrouve ma joyeuse bande. De quoi me redonner le sourire après cette journée sous le signe de la tension.
Dix-huit heures : finis le boulot place à l’apéro !
J’ai à peine passé un bras dans ma veste que je marche en direction de l’ascenseur. Eliott, j’en suis sûre, poireaute en bas. Les yeux fixés sur son écran à soupirer de mon retard. Mais au moment où les portes se referment sur moi, je ne peux m’empêcher de jeter un regard vers le fond du couloir. Ash. Il est toujours là, concentré sur son écran, ne voyant pas que les bureaux se vident. Ses sourcils sont froncés.
Mais il lui suffit d’un instant, un seul. Et il concentre son regard sur moi. Tel un aimant, il me connecte à ses yeux si particuliers, ce mélange presque surnaturel d’émeraude et d’or. Un large sourire s’installe sur ses traits pourtant si fermés une minute plus tôt. Mes pommettes s’enflamment juste avant que les portes de l’ascenseur ne se ferment dans un bip qui me ramène à la réalité. Mon premier jour, cette surprise de le revoir avant que la colère ne prolifère en moi. Et ce cœur, MON cœur qui malgré les morceaux éclatés ici et là arrive à battre plus fort. Tel un écho du passé qui se rappelle à moi.
25 commentaires
Lili CL MARGUERITE
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans
Luna_Dagird
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Il y a 4 ans
Sandra MALMERA
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Paupipauline
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Sandra MALMERA
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Coeurs d'encre
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Sandra MALMERA
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Il y a 4 ans