Pjustine 2.0 Sans Titre

Sans Titre

Barricadée sous une épaisse couche de vêtements, je me décide finalement à franchir le pas.


Depuis quelques jours, les températures extérieures n'hésitent pas à descendre en dessous de zéro.

Me rendre à pied d'un point A à un point B est devenu un véritable supplice. En particulier, les vingt minutes de marche me séparant de l'appartement à l'université.


Je traverse la rue, me poste devant l'entrée du métro puis comme chaque jour passé, je finis par me raviser. Le simple fait de m'imaginer confiné dans un si petit espace m'angoisse et me fait suffoquer. Pourtant, j'insiste, persiste.

Face à une situation telle que celle-ci, ma thérapeute me conseille d'inspirer et expirer avec exagération. J'exécute tout en tentant de faire abstraction des regards intrusifs qui m'entourent.


- Allé Élise, tu peux le faire, tu peux le faire.


Je m'encourage, frotte mes deux mains gantées l'une contre l'autre puis finis par bifurquer sur la gauche. Une fois de plus, le trajet à effectuer se fera par le seul moyen de mes jambes façonnées.


Malgré l'insatisfaction de ce nouvel échec, je me sens soulagée. Docteur Kaliya m'avait prévenu, outre sa durée, le chemin vers la guérison sera emplis de combats intérieurs et de frustrations en tout genre.

Patience et persévérance sont mes seuls maîtres mots. Je redresse les épaules, regarde droit devant et presse le pas.

Cette fraîcheur hivernale ne semble pas ralentir l'euphorie matinale parisienne, bien au contraire. Les gens se croisent et se décroisent à une vitesse ahurissante. Le jour est à peine levé et pourtant l'énergie quotidienne est en plein éveil. Paroxysme.


Je traverse le jardin du Luxembourg, rassurée à l'idée qu'il ne me reste plus beaucoup de mètres à explorer. Malgré un état d'inertie totale, je m'octroie un regard en direction de la luxuriante verdure et de la vie qui l'anime. Une dizaine de gamins se ruent vers les jeux en plein air, d'autres vers le manège de chevaux de bois. Aux cris de ces enfants s'ajoute une épaisse brume hivernale.


Je suis légèrement essoufflée lorsque j'arrive, enfin, devant cet élégant établissement. Je constate, sans grande surprise, que de nombreux et courageux étudiants sont postés devant l'entrée principale une cigarette à la main. Leurs doigts rougeâtres et tremblants me crispent de douleur, je frissonne. Ici, l'épaisse brume hivernale est mille fois plus importante que celle précédemment observée. Il m'est impossible de dissocier les vapeurs de cigarettes à celles dûs à ce froid intense et possessif.


Je m'empresse d'entrer dans l'immense hall, la différence de température entre l'extérieur et l'intérieur est saisissante mais franchement réconfortante.


- Élise, tu es là! Me lance Océane en m'agrippant par la taille et en posant sa tête contre la mienne.


- Que me vaut cet élan d'affection? Demandé-je en ricanant.


- Noël est dans quelques jours, 17 pour être précise et cette période à la don pour me rendre tactile, affectueuse, heureuse!


- 17 jours?! C'est fou comme le temps passe vite. Claire, Claire, oh oh, on est là!


- Ah salut les filles, il fait un froid de canard, c'est insupportable!


- Ah qui le dis-tu, je me caille les miches, s'exclame Océane avant d'ajouter une fois de plus que noël est dans « exactement » 17 jours.


- Ah oui? C'est dingue ça passe tellement vite, répond Claire. Vous avez prévu quelque chose ce soir? Marc prépare ses fameuses lasagnes, si ça vous tente, vous êtes les bienvenues.


- Oui pourquoi pas, je propose à Jean? Ce sera l'occasion pour vous de faire plus ample connaissance.


- Oui ok, je vais prévenir Marco et toi Océ?


- Je ne sais pas trop encore, je suis censée avoir un date tinder mais ce Franck ou Max ou Julian ou je ne sais plus quoi ne donne plus aucun signe de vie depuis hier soir 21h. Je doute qu'il ait apprécié la dernière photo que je lui ai envoyé.


- Tu lui as envoyé quoi comme photo?


- Oh non ne me dis pas que tu lui as fait ta spéciale?! M'exclamé-je, faussement outrée.


- Non même pas, c'était une photo trop mignonne de Bob.


- Il n'aime peut-être pas les chats.


- Si c'est le cas, il n'a aucune chance. Je préfère ne plus rien recevoir de sa part. Bob est toute ma vie! Fini par dire Océane amusée.


- Je vous laisse, mon cours d'économie débute dans 10 minutes. On se voit ce soir, 20h. Océane redis moi assez vite!


- Tu déjeunes où?


- Pas le temps de dej', je n'ai que 30 minutes de pause ce midi.


- Yes je te redis, mais vu comment c'est parti, nul doute que je vais manger de succulentes lasagnes ce soir en votre compagnie. J'y vais aussi, j'ai cours avec le vieux Bignard! Élise on se tient au courant pour ce midi, bye.


Je n'ai pas le temps de répondre, la tornade Océane vient de s'éclipser en une demi-seconde. Je jette un regard vers ma montre, mon cours journalistique commence dans quelques minutes, j'ai plutôt intérêt de me dépêcher moi aussi. J'envoie un rapide message à Jean pour le prévenir du dîner de ce soir.


- Installez-vous, en silence voyons, vous n'êtes plus des enfants, lance dépité cet ancien journaliste de guerre. Pour les retardataires, auriez-vous l'obligeance de me faire parvenir via mon adresse mail vos articles le plus rapidement possible?


L'assemblée ne semble pas alerte aujourd'hui, les bâillements s'affichant fièrement.


Mon portable émet une vibration, je le sors discrètement de sa pochette. Jean a répondu.


Ça ne va pas être possible pour moi ce soir. D'ailleurs je suis désolé de faire ça par message mais je ne savais pas trop comment te le dire autrement, je préfère que l'on en reste là tous les deux. Tu es une chouette nana Élise et tu trouveras la personne qu'il te faut. Salut.


Médusée, je remets mon téléphone là où il était. Sans crier garde les larmes me montent et mes mains se mettent à trembler. Nouvelle vibration. Je me retrouve face à un tourbillon d'émotions. Se pourrait-il qu'il m'ait fait une blague? Cette fois, je m'empresse de saisir mon cellulaire, totalement étrangère à ce qui m'entoure. Le prénom Océane affiché sur l'écran de veille fini à me faire perdre pied. J'enfonce la tête entre mes bras. Nouvelle vibration. Je me redresse légèrement, c'est au tour de Claire. Puis encore d'Oceane. Je me décide finalement à ouvrir notre conversation de groupe.


Océane- 9:02

Alerte rouge alerte rouge, le vieux Bignard n'est plus, Welcome Monsieur jeune et sexy Hartin!!!!!


Claire- 9:04

Il est mort???


Océane- 9:05

Mais non je n'aurais quand même pas réagis comme ça, enfin quoique... d'après Xavier, il a pris sa retraite, je n'en sais pas plus. Toujours est-il qu'il est trop trop beauuuu!!!!!!!!!!! Je suis amoureuse


Décidément, le mois de décembre ne nous laisse aucun répit.

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3 commentaires

Paupipauline

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Il y a 4 ans

Ton début est assez narratif mais tu plonges bien le lecteur dans ton récit avec beaucoup de détails ! La lecture est fluide et tu utilises beaucoup de vocabulaire, c'est super agréable à l'œil ! Si je peux me permettre, j'ai vu que tu utilisais des tirets pour tes dialogues, si tu veux utiliser le même format que celui des livres, le tiret cadratin sera parfait :) et pour les messages, si tu veux, tu peux les mettre sous forme de bulles, un peu comme dans Messenger :) Si mon retour te dérange, n'hésite pas à me dire surtout ! ;) Je poursuis !

Princilia Daci

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Il y a 4 ans

Oh une histoire entre une étudiante et son professeur... J'ai bien aimé ton résumé. Et déjà, j'ai adoré le caractère de cette amie. Je continue ma lecture 🙄
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