Fyctia
Chapitre 8
Encore bouleversée par les événements. Daphnée, qui était restée à sa table, la fixa avec une curiosité renouvelée.
— "Alors, qu’est-ce que tu comptes faire ?" demanda-t-elle, un sourire en coin.
— "Faire quoi ? Rien," répondit Emily, posant son panier sur le comptoir. "Je vais laisser cette histoire s’éteindre toute seule."
Daphnée éclata de rire, comme si c’était la chose la plus absurde qu’elle ait jamais entendue.
— "Emily, tu plaisantes, j’espère ? On parle de milliers de personnes qui parlent de toi sur les réseaux. Ton nom est partout, ton café pourrait être sous les projecteurs comme jamais. C’est une chance en or !"
Emily se retourna brusquement vers elle, le regard sérieux.
— "Je ne veux pas de cette attention, Daphnée. Et encore moins pour des raisons comme ça. Ils s’intéressent à moi à cause de Lowel, pas pour ce que je fais réellement."
Daphnée roula des yeux et croisa les bras.
— "Franchement, tu te prends trop la tête. Regarde, les gens n’attendent qu’une chose : une histoire. Si tu leur donnes ce qu’ils veulent, ton café va exploser de popularité. Tu pourrais poster une photo de toi en train de bosser ici, avec une légende genre : 'C’est ici que tout commence.' Et bam, tout le monde voudrait venir."
Emily secoua la tête, exaspérée.
— "Ce n’est pas comme ça que je veux attirer des clients. Je veux que les gens viennent ici parce qu’ils aiment ce que je fais, pas parce qu’ils pensent que je sors avec un mannequin."
Daphnée soupira, frustrée par l’obstination de son amie.
— "Tu sais quoi ? C’est bien beau d’avoir des principes, mais parfois, il faut savoir jouer le jeu. C’est pas comme si tu faisais quelque chose de mal. T’as un café à sauver, Emily. Tu veux vraiment tout perdre juste pour ton ‘éthique’ ?"
Ces mots frappèrent Emily comme une gifle. Elle baissa les yeux, hésitante.
— "Peut-être que je vais perdre," murmura-t-elle, "mais je préfère ça que de réussir pour de mauvaises raisons."
Un silence s’installa entre elles, lourd de désaccord. Daphnée, toujours sceptique, finit par hausser les épaules et se leva.
Emily passa une main sur son visage, tentant de calmer l'agitation intérieure que Daphnée venait de semer.
— "Tu sais quoi ? Fais ce que tu veux," lança Daphnée en se levant, sa voix teintée de frustration.
Mais avant qu'elle ne puisse quitter le café, la clochette de la porte retentit. Jonathan, un jeune homme blond et longiligne, entra, suivi de Elaine, qui trottinait joyeusement à ses côtés.
— "Salut, les filles !" lança-t-il d’une voix chaleureuse en s’approchant.
— "Jonathan, qu’est-ce que tu fais là ?" demanda Daphnée, étonnée.
— "Je venais voir comment ça se passe ici," répondit-il avant de poser son regard sur Emily. "On dirait que l’ambiance est un peu tendue ?"
Elaine, quant à elle, se précipita vers Emily, un sourire espiègle aux lèvres.
— "Maman, maman, regarde ce que Jonathan m’a appris !" Elle leva une main pour faire un tour maladroit avec ses doigts.
Emily força un sourire, s’accroupissant à son niveau.
— "C’est très joli, ma puce, mais maman doit parler avec les adultes maintenant, d’accord ? Va jouer dans ta chambre."
Elaine fronça les sourcils, croisant les bras.
— "Pourquoi je dois partir ? C’est toujours plus intéressant quand je reste ici."
— "Elaine…" insista Emily, d’un ton plus ferme.
La fillette soupira dramatiquement avant de lancer :
— "D’accord, d’accord. Mais si vous parlez de quelque chose de super important, tu me le diras, hein ?"
Emily hocha la tête avec un petit rire nerveux avant de l’embrasser sur le front. Elaine tourna les talons, montant les escaliers à pas traînants, mais non sans jeter un dernier regard curieux vers eux.
Jonathan sourit en la regardant partir.
— "Elle est vraiment maligne pour son âge," commenta-t-il avant de se tourner vers Emily. "Alors, de quoi est-ce que vous parliez ?"
Daphnée croisa les bras, impatiente.
— "Emily refuse de profiter de l’attention qu’elle reçoit à cause de Lowel. Elle pourrait utiliser ça pour faire connaître son café, mais elle veut rester fidèle à ses principes."
Jonathan haussa un sourcil, intéressé.
— "C’est vrai ?" demanda-t-il à Emily.
Emily soupira, se sentant acculée.
— "Oui, c’est vrai. Je ne veux pas que mon café devienne une attraction à cause de ragots ou d’une photo. Ce n’est pas comme ça que je veux réussir."
Jonathan s’installa sur une chaise, posant un coude sur la table.
— "Je comprends ton point de vue, mais… tu ne penses pas que c’est une occasion unique ? Parfois, il faut saisir les opportunités, même si elles ne viennent pas de la manière qu’on aurait souhaitée."
Emily secoua la tête.
— "Je comprends ce que vous essayez de dire, tous les deux. Mais ce n’est pas juste une question d’opportunité. C’est une question de valeurs. Je veux que les gens viennent ici parce qu’ils aiment ce que je fais, pas parce qu’ils pensent que je sors avec une célébrité."
Daphnée soupira lourdement.
— "Tu vois, Jonathan ? Elle est têtue."
Jonathan réfléchit un instant, puis posa une main sur la table, l’air plus sérieux.
— "Écoute, Emily. Daphnée et moi, on ne dit pas ça pour te pousser à te compromettre. On sait à quel point ton café compte pour toi. Mais parfois, il faut savoir trouver un équilibre. Ce n’est pas parce que tu utilises cette situation que ça efface tout ce que tu as construit avec intégrité. Ça pourrait juste être un tremplin."
Emily resta silencieuse, serrant les mains. Elle sentait que Jonathan essayait d’être compréhensif, mais cela n’atténuait pas son malaise.
— "Je vais y réfléchir," finit-elle par dire, même si elle savait qu’elle n’était pas prête à changer d’avis.
3 commentaires
IvyC
-
Il y a 3 mois
Emilie Hamler
-
Il y a 3 mois
DIANA BOHRHAUER
-
Il y a 3 mois