Fyctia
Chapitre 5
Emily avait à peine remarqué la voiture au moment où elle était montée, mais maintenant qu’elle en descendait, elle ne put s’empêcher de la détailler. La carrosserie noire brillante semblait absorber la lumière des réverbères, et les lignes élégantes du véhicule trahissaient un modèle haut de gamme. Les jantes chromées scintillaient, et l’intérieur, qu’elle avait eu l’occasion de voir brièvement, était tapissé de cuir beige avec des finitions en bois sombre et un écran tactile sophistiqué intégré au tableau de bord.
C’était une voiture que l’on voyait rarement dans cette partie de la ville, un véhicule qui attirait les regards autant par son élégance que par son aura de richesse discrète. Lowel hocha la tête, balayant rapidement la pièce du regard avant de reporter son attention sur Emily.
— Je vais rester un peu et prendre un petit-déjeuner, déclara-t-il avec un calme imperturbable.
Emily fronça les sourcils.
— Désolée, mais je ne sers pas tout de suite. Il va falloir attendre. Je dois me préparer avant d’allumer la cuisine.
— Ça ne me dérange pas, répondit-il simplement.
— Ça prendra du temps, insista Emily, un peu agacée.
Lowel haussa les épaules.
— Trente minutes, ce n’est rien. Dans les endroits que je fréquente habituellement, l’attente est parfois bien plus longue pour un bon repas.
Emily le fixa, déconcertée par son insistance, avant de soupirer.
— Très bien. Mais je ne ferai qu’un seul plat, avertit-elle en se dirigeant vers l’arrière.
Daphné, toujours sur la défensive, attendit qu’Emily soit hors de vue avant de se tourner vers Lowel.
— Alors, c’est quoi ton histoire ? demanda-t-elle en plissant les yeux.
— Pas d’histoire, répondit-il avec un sourire en coin. J’aime juste les petits-déjeuners.
Daphné haussa un sourcil, peu convaincue, mais n’ajouta rien.
De son côté, Emily se changea rapidement et enfila son tablier avant de se diriger vers la cuisine. Elle fit en sorte de préparer quelque chose de rapide : une omelette simple avec des herbes fraîches et du pain grillé. Pendant qu’elle battait les œufs, elle ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi cet homme, qu’elle venait à peine de rencontrer, s’obstinait à rester ici.
Quand elle finit par poser l’assiette devant lui, elle croisa les bras, le regard fatigué mais curieux.
— Voilà. Ne vous attendez pas à autre chose.
Lowel leva les yeux vers elle et hocha la tête.
— Ça me va. Merci.
Emily resta un instant debout, hésitant à retourner en cuisine ou à s’asseoir. Finalement, elle finit par se laisser tomber sur une chaise, trop épuisée pour réfléchir davantage.
Assis à la table, Lowel goûta enfin au petit-déjeuner qu’Emily avait préparé. Simple mais savamment exécuté, l’omelette fondait dans la bouche, les herbes fraîches rehaussant chaque bouchée d’un goût subtil mais parfaitement équilibré. Cependant, ce fut le café qui le surprit véritablement.
Dès la première gorgée, il sentit une profondeur qu’il ne reconnaissait pas dans les cafés habituels qu’il consommait. Une légère note herbacée s’entremêlait avec l’amertume du café, laissant une sensation douce et apaisante dans sa gorge. Curieux, il huma de nouveau la tasse, tentant de deviner ce qui donnait cette saveur si unique.
— Il y a quelque chose dans votre café... murmura-t-il presque pour lui-même.
Emily, qui rangeait quelques ustensiles derrière le comptoir, leva les yeux vers lui, un sourcil arqué.
— Du thym, répondit-elle simplement.
Lowel fronça légèrement les sourcils, surpris.
— Du thym ?
— Oui. C’est une recette que j’ai improvisée pour aider les clients qui ont des problèmes respiratoires ou qui ressentent une gêne. Le thym est bon pour décongestionner les poumons. C’est aussi antiseptique.
Il la fixa un moment, impressionné par sa réponse et l’originalité de son idée.
— Je n’ai jamais goûté quelque chose comme ça. C’est... remarquable.
Emily haussa les épaules, manifestement peu intéressée par les compliments, et reprit son activité.
Une fois son assiette et sa tasse terminées, Lowel se leva et posa son portefeuille sur la table.
— Combien je vous dois pour tout ça ?
Emily releva la tête, les mains sur les hanches.
— Rien. Vous m’avez aidée hier soir, et vous avez attendu pour un plat simple. C’est ma façon de vous remercier.
Lowel fronça légèrement les sourcils.
— Je préfère payer.
— Et moi, je préfère que vous ne le fassiez pas, répliqua Emily, le regard ferme.
Daphné, qui observait la scène depuis le comptoir, roula des yeux et s’approcha.
— Sérieusement ? Écoutez, si ça vous fait plaisir, payez. Mais mettez ça sur le compte du café, d’accord ? Ça nous arrangera.
Lowel hésita une seconde, mais face à l’insistance des deux femmes, il finit par ranger son portefeuille et hocha la tête.
— Très bien, je vais transférer l’argent sur votre compte.
Daphné esquissa un sourire satisfait, tandis qu’Emily secouait légèrement la tête avec un soupir.
— Faites ce que vous voulez, finit-elle par dire avant de retourner derrière le comptoir.
Lowel sortit son téléphone pour effectuer le virement. Pendant qu’il saisissait les informations, il ne put s’empêcher de jeter un regard à Emily. Cette femme, avec son café à l’arôme surprenant et son caractère bien trempé, éveillait en lui une curiosité qu’il n’avait pas ressentie depuis longtemps.
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